Longtemps symbole d’abnégation et de résistance, l’Atlético de Madrid traverse aujourd’hui une crise identitaire. Fidèle au Cholismo instauré par Diego Simeone depuis 2011, le club madrilène a bâti sa légende sur une défense de fer et une discipline de tous les instants. Mais depuis quelques saisons, les Colchoneros s’éloignent de cette philosophie au profit d’un football plus offensif et séduisant. Entre nostalgie d’une forteresse imprenable et volonté de séduire l’Europe, l’Atlético doit désormais choisir sa voie.
Le Cholismo : une identité forgée dans la souffrance
À son apogée entre 2014 et 2018, l’Atlético Madrid était craint partout en Europe. Compact, rugueux, discipliné, le club de Simeone a disputé deux finales de Ligue des champions (2014 et 2016), conquis deux Liga (2014 et 2021) et multiplié les exploits face au Real Madrid et au FC Barcelone. Le Cholismo n’était pas qu’un système de jeu : c’était une culture. Chaque tacle, chaque duel aérien, chaque dégagement héroïque représentait une victoire collective.
Simeone incarnait à la perfection cette philosophie : « souffrir ensemble pour triompher ». L’Atlético ne cherchait pas à séduire mais à briser les certitudes des géants. Sa beauté résidait dans l’intensité, dans cette rage qui transformait chaque match en bataille épique.
La tentation du beau jeu et ses contradictions
Depuis 2019, le club a progressivement ouvert la porte à une autre idée du football. L’arrivée de João Félix, recruté pour 126 millions d’euros, fut le symbole de ce virage offensif. Les Colchoneros ont ensuite misé plus de 350 millions d’euros sur des profils créatifs tels que Julián Álvarez, Thiago Almada ou Alex Baena.
L’objectif était clair : retrouver les sommets européens en adoptant un football plus moderne et séduisant. Mais ce changement n’a pas porté les fruits escomptés. Plus offensif, l’Atlético encaisse désormais davantage de buts : 43 en 2022 puis en 2024, un chiffre jamais atteint depuis l’ère Simeone. Pire encore, le club n’a plus franchi les quarts de finale de Ligue des champions depuis 2017.
Une chimère inachevée
L’Atlético vit aujourd’hui un paradoxe. Capable de battre le Barça au Camp Nou mais aussi de s’effondrer à Lisbonne face au Benfica, cette équipe se cherche. Ni totalement offensive, ni fidèle à son ADN défensif, elle semble coincée dans un entre-deux.
L’inconstance est devenue le nouveau mal des Colchoneros. Les statistiques le confirment : plus de buts marqués qu’avant, mais aussi plus de défaites (10 en 2024, un record sous Simeone). Une métamorphose incomplète qui fait douter supporters et observateurs.
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Simeone, le maître du destin
Prolongé jusqu’en 2027, Diego Simeone reste l’homme clé de cette transition. Mais peut-il réellement transformer son football sans trahir sa philosophie ? « Je cherche toujours à me réinventer », déclarait-il récemment. Pourtant, ses schémas prudents trahissent encore son attachement au Cholismo pur.
Le dilemme est clair : reconstruire l’ancienne forteresse, ou embrasser définitivement le beau jeu au risque de perdre son âme. Une identité figée peut s’éteindre, mais une identité trop diluée finit par disparaître.
Conclusion
L’Atlético Madrid est à la croisée des chemins. Le Cholismo, symbole d’un passé glorieux, vacille face aux exigences d’un football moderne et spectaculaire. Mais ce choix déterminera plus qu’un simple style de jeu : il décidera de l’avenir d’un club qui, depuis plus d’une décennie, a marqué l’histoire du football européen.
Simeone, prophète du sacrifice devenu alchimiste en quête d’équilibre, devra écrire la suite. Et peut-être que, des cendre de l’ancien Cholismo, renaîtra un Atlético à la fois fidèle à son âme et prêt à conquérir l’Europe.
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