L’idée qui paraissait autrefois insensée refait surface avec insistance : voir des matches de championnat national délocalisés à l’autre bout du monde. Longtemps rejetée par les supporters, les joueurs et même la FIFA, cette délocalisation n’a pourtant jamais totalement disparu des coulisses du football européen. Aujourd’hui, le débat revient avec une vigueur inquiétante : la Serie A, la Liga et d’autres acteurs majeurs poussent de nouveau pour exporter leurs affiches, tandis que l’UEFA, d’un silence troublant, semble prête à entrouvrir une porte que beaucoup voudraient voir définitivement fermée. Ce qui était hier un simple fantasme pourrait devenir demain une réalité qui bouleverserait les fondements mêmes du football moderne.
Une idée ancienne qui refait surface
Ce n’est pas la première fois que le sujet fait trembler les coulisses du football. En 2008, la Premier League avait envisagé une “39e journée” organisée à l’étranger, une initiative accueillie par un refus catégorique des supporters, joueurs et entraîneurs. Sepp Blatter, alors président de la FIFA, avait mis un terme définitif au projet avec un clair “Pas question !”.
Pourtant, l’idée n’a jamais totalement disparu. Ces dernières années, plusieurs tentatives isolées ont ravivé le débat. En mai dernier, la Serie A a étudié l’hypothèse de déplacer les matches de l’Inter et du Milan AC aux États-Unis, le temps des travaux du stade San Siro. Plus récemment encore, la fédération espagnole (RFEF) a donné son feu vert pour que Villarreal-Barcelone se dispute au Hard Rock Stadium de Miami en décembre prochain, un choix qui illustre un net revirement de position.
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Un principe fondateur du football menacé
Si des compétitions comme la Supercoupe d’Espagne, la Supercoppa d’Italie ou le Trophée des Champions français se disputent déjà à l’étranger depuis plusieurs années, déplacer un match officiel de championnat est une toute autre affaire. Cela reviendrait à briser une règle fondamentale : un championnat national doit se jouer sur son territoire d’origine.
Pour les supporters, cette idée est une véritable trahison. Football Supporters Europe, principale association de fans du continent, dénonce une décision qui mettrait en péril le lien historique entre clubs et communautés locales. “Nous sommes prêts à nous battre à nouveau pour protéger l’avenir de notre sport”, a prévenu l’organisation, rappelant l’échec cuisant du projet de Super League en 2021.
L’UEFA dans le flou, la FIFA en silence
C’est désormais à l’UEFA de trancher. Selon des informations confirmées par Eurosport, le sujet sera discuté le 11 septembre lors du Comité Exécutif à Tirana. Officiellement, les statuts de l’UEFA et de la FIFA interdisent encore la tenue de matches de championnat hors des frontières nationales. Mais le simple fait que l’instance européenne accepte d’en débattre montre que le verrou pourrait bientôt sauter.
Le silence du président Aleksander Čeferin interroge. Ce dernier a déjà évoqué la possibilité d’organiser un jour la finale de la Ligue des Champions aux États-Unis, preuve que l’idée de mondialiser les compétitions n’est pas totalement exclue. Du côté de la FIFA, Gianni Infantino ne ferme pas non plus la porte, lui qui avait lancé l’an dernier un groupe de travail sur la question.
Des enjeux financiers colossaux
Derrière cette controverse, se cache évidemment l’aspect économique. Jouer un Clasico ou un Derby de Milan à New York, Los Angeles ou Shanghai garantirait des recettes spectaculaires : droits TV renforcés, sponsoring XXL, billetterie record. Pour les clubs, c’est la promesse d’un marché international en pleine expansion.
Mais ce gain financier se ferait au prix d’une rupture culturelle majeure. Les abonnés, premiers soutiens des clubs, devraient supporter des coûts exorbitants pour suivre leurs équipes. Une fracture s’ouvrirait entre football “local” et football “mondialisé”.
Conclusion : un futur sous tension
La réunion du 11 septembre s’annonce donc décisive. Si l’UEFA venait à infléchir sa position, le football européen basculerait dans une ère nouvelle, où les matches de championnat ne seraient plus ancrés à leur territoire historique. Entre intérêts économiques et préservation de l’âme du sport, le bras de fer est lancé. Reste à savoir si les supporters, comme en 2021 avec la Super League, auront une nouvelle fois le dernier mot.
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